Ferme perlière vue de loin

Protocole n°1

Argentique ?

 Prendre le bleu en photo, l’idée semble simple. En traduire les sentiments que l’on ressent à sa vue, en est une autre. Il me faut trouver un protocole de réalisation de mes clichés qui me permettrait de transcrire les sentiments que je ressens lorsque je passe au-dessus ce cette variation bleue.

Il me semble indispensable de réaliser mes prises en vue en argentique. Ce n’est pas snob, ce n’est pas rétro, ça me semble être une nécessité. Je ne souhaite pas voir la couleur de l’océan dénaturée par un quelconque traitement numérique interne au boitier sur lequel je n’aurai aucune prise. Certes, le format raw permet théoriquement d’enregistrer directement ce que capture le capteur. Puis, ensuite, de pouvoir l’exploiter de manière fine sur l’ordinateur, en désactivant les automatismes internes au logiciel dématriceur. Hors il n’en est rien. Je ne saurais l’expliquer, je ne suis pas ingénieur en électronique, ni programmeur de firmware d’appareil photographique. J’ai conscience que la pellicule offre également une interprétation des couleurs et contrastes lors de leur fixation, que le développement peut aussi jouer sur ces paramètres. Néanmoins, ces modifications me semblent moins contraignantes et plus régulières que le traitement électronique du signal interne à nos boîtiers numériques aux effets souvent imprévisibles. J’en ai pour exemple le fameux star eater spécifique aux boîtiers Sony en poses longues mais inexistant en pose semi-longue.

De plus, j’espère pouvoir exposer mes prises de vues un jour. Moana est la mer. La mer est par définition immense, proche de l’infini vue par un humain terrien. Il me semble inimaginable de tirer mes prises de vue sur un format restreint. Lorsque le spectateur a la chance de contempler Moana, il ne se sent pas contraint par un cadre. Le tirages se devront donc d’être grands, très grands. À l’image de ce qu’offre le bleu de la mer. Il me faut permettre l’expérience bleue dans son immensité au spectateur. Sinon le tirage n’aurait aucun intérêt.

Pour ce faire, une seule solution : le moyen-format argentique. Un ami en possède un. Renseignements pris, il dispose d’un excellent boîtier, d’excellents objectifs et la pellicule couleur en bobines de 120 est encore fabriquée et commercialisée dans le monde. N’ayant pas eu la chance de pratiquer beaucoup l’argentique en-dehors de mes jeunes années, je me dis que ce projet me permettra de renouer avec cette technique aujourd’hui mise de côté.

Raphaël Mezzapesa

Raphaël Mezzapesa

Musicien à l'origine, je me suis également intéressé à la photographie depuis mon plus jeune âge. Les modes d'expression de ces deux arts diffèrent et se complètent. Là où la musique développe son expression à travers le temps, ce qui me fascine dans la photographie, c'est cette capacité à transmettre une émotion, un ressenti au regardeur en une fraction de seconde.